lundi 18 juin 2012

Un trésor à la poubelle ?

Ils sont encore (trop) nombreux les apiculteurs qui, par méconnaissance, jettent la propolis qu’ils trouvent dans leurs ruches. Ils maugréent contre ces abeilles qui leur compliquent la tâchent en mastiquant la moindre fente, le plus petit interstice avec cette substance sombre, plus ou moins dure et collante.

Et pourtant…..

Pourtant, en d’autres lieux, cette fameuse substance est très recherchée ! Pourquoi donc ? Levons donc le voile sur les multiples et incomparables vertus de la propolis.



Provenance et utilisation par les abeilles (rappel)

Aux premiers jours du printemps et de l’automne, les abeilles récoltent la fine pellicule résineuse recouvrant les bourgeons de certains arbres, en particulier celle des peupliers, des bouleaux, des aulnes, des chênes et des épicéas.
Elles en découpent des fragments et les transportent dans la ruche où ils sont mélangés aux sécrétions salivaires et à la cire, formant ainsi une sorte de mastic qu’elles utilisent pour enduire les parois, sceller les joints, fixer les éléments qui bougent et, d’une manière générale, se protéger des prédateurs.  Elles momifient ainsi avec la propolis tout intrus ayant réussi à s’introduire dans la ruche afin d’éviter la propagation des maladies.
La propolis est également utilisée pour la désinfection de la ruche. D’ailleurs, son nom provient du grec et signifie « en avant de la ville » : un rempart ou un bouclier, donc. C’est grâce aux propriétés de la propolis que la ruche, malgré un très fort taux d’humidité ambiant, demeure parfaitement saine, d’un point de vue bactériologique, pour la colonie.
Composition de la propolis :

Résines et baumes
55 %
Cires
20 à 30 %
Huiles essentielles
5 à 10 %
Pollen
5 %
Acides aminés, vitamines, oligoéléments
Quelques uns
Autres substances (enzymes, etc.)


La propolis récoltée par les apiculteurs, puis purifiée, se présente sous forme de poudre finement broyée, de poudre micronisée, de bâtonnet, d’extrait huileux ou de teinture mère. Elle entre dans la composition de nombreuses préparations galéniques et cosmétiques.

La propolis est un véritable bactéricide  naturel qui possède également des vertus antivirales et antimycosiques.


Utilisations thérapeutiques pour les humains et… les animaux

En apithérapie, on l’utilise en particulier pour :
  • les bronchites, rhinites, sinusites, pharyngites ;
  • les enrouements, angines, toux, rhumes et otites ;
  • les gastrites, les ulcères stomacaux ;
  • les plaies, brûlures, ulcères et eczémas de la peau, les mycoses (également en médecine vétérinaire);
  • l’acné ;
  • les maladies dégénératives et inflammatoires des articulations ;
  • les inflammations dans la bouche et des gencives, la parodontose, les aphtes ;
  • certains cancers (protection contre les rayons lors d’un traitement. Les abeilles ont très bien survécu à l’attaque de Hiroschima !).

Dotée de vertus anesthésiantes locales, la propolis est également efficace dans le traitement des piqûres d’insectes… Elle est cicatrisante et anti-inflammatoire.

Son action anti-oxydante stimule la capacité de renouvellement cellulaire (activation du métabolisme cellulaire) car les flavonoïdes piègent les radicaux libres responsables du vieillissement des cellules.

La propolis est également utilisée pour fabriquer des vernis, des produits cosmétiques, des infusions. Elle entre dans la composition de mélanges d’encens à brûler. Son parfum délicat est apaisant et rafraîchissant.

Gageons que maintenant, dûment informés, les apiculteurs conserveront précieusement la propolis qu’ils trouveront dans leurs ruches et ne manqueront pas d’en faire bon usage, dans la pharmacie familiale.

Pour en savoir plus :
La propolis, 1986-1993, Donadieu Y., Ed. Maloine : Les thérapeutiques naturelles

La situation en Suisse

En Suisse, la propolis figure sur la liste des médicaments édictée par Swissmedic. De ce fait, la vente de la propolis  à prendre par voie interne (ainsi que de tout produit contenant de la propolis) est réservée aux médecins et pharmaciens qui, seuls, sont habilités à la prescrire et à en donner des indications thérapeutiques. Les médecins cantonaux veillent – avec plus ou moins de rigueur – au respect de ces restrictions. Il n’est pas rare que la vente de propolis ou produits à base de propolis par des personnes « non autorisées » soit tolérée.

Ceci ne devrait pas décourager les apiculteurs à récolter la propolis de leurs abeilles et à l’utiliser dans le cadre familial, pour le bien-être et la santé de leurs familles.

Cette situation ne manque pas d’être préoccupante et de soulever quelques questions, notamment celle ayant trait à la légitimité, par les lobbys pharmaceutiques, à s’approprier des substances naturelles et vivantes, dans un but présenté officiellement comme sécuritaire mais en réalité purement financier et spéculatif.

A quand un brevet sur la cire, le pollen et le miel ?

Brigitte Dorsaz D’Alessio,
Présidente de l’Association Suisse d’Apithérapie – Section romande

Article paru dans la Revue suisse d’apiculture  No 6 Juin 201, organe de la Société Romande d’Apiculture

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